Nous demandons à l'enfant d'être à l'origine de ce qu'il fait. Nous lui indiquons le point de départ mais pas ce qu'il doit faire. Il doit le découvrir par lui-même, il participe, il est acteur du travail. L'adulte ne fait pas à sa place, il attend quelque chose de lui. L'enfant a des ressources, des potentialités, des talents cachés que l'expression va révéler à lui-même et aux autres.
La scène permet d'exprimer l'émotion, de la retrouver en nous comme manifestation de notre humanité. Le chant des larmes, du sourire, du rire nous distinguent des animaux sûrement autant que la raison.
L'expression proprement dite de l'émotion est la dernière étape d'un processus intérieur. Le formateur artistique a pour mission de guider l'enfant vers une expression personnelle et vraie, de lui faire découvrir ce mouvement qui part du profond de lui-même, de sa capacité d'émotion personnelle, pour s'incarner dans un sentiment qui se traduit dans un geste, un regard, un son, un mot adressés au public. Le point de départ est intérieur : il ne s'agit pas de copier mais d'exprimer.

" A l'Académie on me demande toujours de partir de moi. "

Caroline

" Faut être soi-même quand on fait une émotion
parce que sinon c'est pas vrai et le public, ça se voit.. "

Bérénice

Même si elle obéit à des lois précises cette démarche n'est pas une technique. Elle sollicite la présence à l'être, en soi et en autrui, pour entrer dans un échange authentique où les mots " je ", " tu ", " nous " reprennent sens et consistance. Cette expérience d'ouverture intérieure n'est pas l'apanage d'enfants plus doués que d'autres. Elle est à la portée de tous. L'apprentissage technique, texte, diction, pose de la voix, est nécessaire mais secondaire et relatif à cette expérience qui seule lui donne un sens.

" Partir de moi ", comme le dit Caroline, c'est aller plus loin, dépasser ce que je connais pour découvrir autre chose de nouveau. L'expression est une invitation à me décentrer de moi-même pour aller à la rencontre de l'autre : celui qui joue sur scène avec moi, le spectateur qui me regarde dissimulé dans la pénombre mais dont je perçois la présence, le personnage que j'incarne.